• Mon anesthésie

     

     

    Pour ma prothèse du genou, je vous avais dit que j'avais choisi la rachianesthésie, autrement dit une anesthésie où l'on n'endort que la jambe à opérer, pas le corps entier, et surtout pas la tête.

    Jusqu'à la dernière minute, j'ai douté : "Ne vais-je pas changer d'avis ? Est-ce bien raisonnable ? Vais-je vraiment être assez courageuse ? " Ça bouillonnait dans mon cerveau. Ma raison l'a emporté : puisque ça existe et que d'autres gens y résistent, alors moi aussi.

     

    Mon anesthésie

     

    J'avais dit que je voulais des bouchons d'oreilles, et un casque par dessus. Je comptais sur l'hôpital pour me fournir le nécessaire, et finalement je n'ai rien eu..

    Me voilà donc en salle d'opération, bien éveillée, et regardant tout ce monde s'affairer autour de moi.

    On me pose des électrodes sur la gauche du buste (électrocardiogramme), une pince sur l'index gauche (oxygène dans le sang), un brassard au bras gauche (tension artérielle) une perfusion dans la fémorale au pli de l'aine droite (anesthésie), une piqûre dans le bas du dos (péridurale), et j'en oublie sûrement. J'avais déjà la perfusion dans le creux du coude gauche, depuis 6h du matin..

     

    Mon anesthésieMon anesthésie

     

     

     

     

     

     

    Non, les photos ne sont pas toutes de moi. Mon appareil était resté dans ma chambre.

     

     

    Mon anesthésie

     

    Ça, c'est l'installation de l'aine. Ça ne gêne pas, ne fait pas mal et ça anesthésie gentiment. Il y a aussi un antalgique dans le sachet pendu en haut du mât. Ça diffuse en continu et j'ai une pompe pour rajouter une dose en cas de douleur trop violente les jours suivants, sans les inconvénients de la morphine. J'ai gardé ce branchement du mercredi au samedi.

     

     

    Je sais qu'il fait froid dans les salles d'opération, et j'avais peur de grelotter. Eh bien, ils ont pensé à tout. J'étais couchée sur une surface pas glaciale, j'avais une couverture sur le haut du corps, et, comble du confort, un chauffage à ma disposition. Une sorte de gros tuyau crachant de l'air chaud sous ma couverture, comme les sèche-cheveux d'autrefois, que je pouvais orienter à ma guise.

    Résultat de recherche d'images pour "chauffage ventilation gros tuyau"

     

    Je me demandais si j'allais risquer un œil de temps en temps, mais, au moment d'attaquer, ils ont tendu un champ opératoire entre ma jambe et moi. Plus rien à voir.

     

    Une infirmière était là tout exprès pour s'occuper de moi. Je pouvais lui parler, et elle me répondait : je ne me sentais pas comme un objet livré aux techniciens. Elle m'a montré qu'elle avait bien les bouchons dans sa poche (après le début de l'opération). J'ai donc entendu ce qui se passait. Et je me disais que, sans les bouchons, on doit sentir des vibrations, alors autant entendre.

    Rassurez-vous, cela n'avait rien de terrifiant. Je vivais ça très bien, et j'essayais de tout mémoriser. Je voulais tout comprendre pour éventuellement poser des questions après.

     

    Mon anesthésie

    J'ai cru entendre une scie circulaire de l'Ours.

     

    Mon anesthésie

    Ce matin, l'Ours tapait sur une pierre : ce bruit m'a immédiatement rappelé que, pendant l'opération, j'ai entendu un marteau et un burin.

     

    Mon anesthésie

     

    Vers la fin, j'ai eu l'impression qu'on faisait un trou très profond dans mon fémur. On aurait dit le jour où les plombiers ont fait les trous pour passer les tuyaux de chauffage central dans mes murs du XVIIIe, qui font de plus de 50cm d'épaisseur, avec un forêt encore plus impressionnant que ceux-ci.

    En dernier, il y a eu un bruit comme si on fixait un balcon sur une façade : il y avait eu un chantier en face de chez moi, et j'ai dû être marquée à vie par les nuisances sonores. Je me représentais les prothèses avec des vis...

    Je me disais "la poussière que ça doit faire !!!". Gagné ! Ils se sont mis à parler de                                            

    KARCHER

     

     Ils ont cité trois fois la marque. Était-ce un vrai ? Ils ont nettoyé, en arrosant tout autour et ça les a bien fait rire. Je me suis dit qu'ils devaient décompresser et être contents de leur travail.

    Par contre, je n'ai presque jamais compris leurs paroles, car ils communiquaient à voix assez basse.

     Mon pied commençait à se réveiller. Ça me rassurait, car je me disais que je n'avais pas eu une dose trop forte, mais en même temps ça m'inquiétait. Alors je bougeais les orteils pour qu'ils comprennent qu'ils devaient vite finir.

    Ils ont terminé le chantier par la couture. Je dis couture, mais ce que j'ai entendu, c'était comme l'agrafage de l'isolant sous la charpente avec une agrafeuse pneumatique. L'infirmière m'a dit que les coutures étaient plus jolies qu'avec du fil, et c'est fait à toute vitesse. J'ai encore le clac, clac, clac, clac dans les oreilles.

     

                  Mon anesthésie

      Il y a des ombres, car j'ai fait la photo en vitesse pendant que l'infirmière  préparait le nouveau pansement.

                       

    Après tous ces travaux du bâtiment (ne dit-on pas la charpente osseuse ?), ils ont dit entre eux que je n'avais pas beaucoup saigné, et je me sentais très bien.

    Ils m'ont demandé si je pouvais les aider un peu à me mettre sur le brancard qui m'attendait à côté de la table d'opération. mais bien sûr que je pouvais ! Je me suis juste assurée qu'ils tenaient bien tout ça, car je n'avais pas envie de tomber entre les deux. Je les ai étonnés, car j'aurais pu faire mon transfert seule. 

    J'étais tellement contente que je leur ai dit que je voulais tout pareil pour le deuxième genou.

     

    Quand le chirurgien est passé dans ma chambre le lendemain, il a dit que son travail c'était comme de la menuiserie, mais qu'il ne comprenait pas comment on pouvait choisir une telle anesthésie. Lui, jamais, au grand jamais, il trouve ça horrible. Mais s'il était aussi malade que moi au réveil d'une anesthésie générale, il comprendrait.

    Pendant ma rééducation, j'ai discuté avec plusieurs personnes qui avaient eu la même que moi (plusieurs fois pour certaines), et sans regret. Dès que mon premier genou sera en pleine forme, je maintiens que je ferai la même chose pour l'autre.

     

    Pour vous amuser, je vous fais profiter de mon paysage en fin de journée :

    Mon anesthésie

     

    Mon anesthésie

    À 22 h, il fait 5°. Ça vous change de la chaleur des derniers jours.

     

     

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  • Commentaires

    7
    Mardi 23 Mai 2017 à 11:46

    j'avais choisi cette opération pour mon premier ménisque, mais je n'avais pas aimé le réveil de la jambe qui prend au moins 2h. Comme ils font sortir très très vite dans la clinique où je vais je crois qu'on n'a plus le choix. En tous les cas pour ma prothèse en un quart d'heure j'étais réveillée et ne tenais plus en place sur le brancard!

    6
    Vendredi 19 Mai 2017 à 17:07

    Un très bon reportage .... Mais je frisonne en te lisant.
    Maintenant tout est fini, juste la rééducation et d'ici peu tu vas trotter !

    Tu es une grande courageuse. Un gros bisou et du soleil de Haute Provence

    5
    Vendredi 19 Mai 2017 à 14:28

    Ici, pluie, grisaille, et très peu de soleil... la température a chuté depuis mardi.. 

    Bises, belle journée.

    4
    Vendredi 19 Mai 2017 à 11:47

    Purée! Tu es courageuse! tu es bien comme tes montagnes, un caractère bien trempé! Je n'en suis pas autant! Merci de ton témoignage qui encouragera! Il fait froid aussi chez nous! Ce matin, il y avait 15 cms de neige aux Estables! sarcastic! je t'embrasse fort! A+!

    3
    Vendredi 19 Mai 2017 à 07:48

    bonjour la fourmi, je trouve super chouette ton reportage, cela rassurera les personnes qui ont à subir une telle anesthesie. Je te trouve très courageuse, j'ai eu la meme pour un poignet (en bricolant je m'étais envoyé un éclat de carrelage, tendon abimé)je n'ai rien senti, mais bien trop stressée, je crois  que je ne recommencerai pas.

    2
    Vendredi 19 Mai 2017 à 05:32
    CathyRose

    Et bien moi je te trouve bien courageuse ... je ne pourrais pas ! Pour m'opérer d'un kyste synovial à la main on m'a fait un " bloc ", c'est à dire qu'on m'a anesthésié juste le bras en entier, et bien je ne le referai pas !
    Belle journée, bisous !
    Cathy 

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    1
    Macha
    Jeudi 18 Mai 2017 à 23:20

    Tes descriptions, illustrées de photos, sont tellement sensorielles que je suis plongée dans un film. Chapeau bas pour le courage et la capacité d'enregistrer le déroulement de l’opération, images comprises, pour nous retranscrire, avec un humour à la mode Fourmi, une tranche "genouesque" de ta vie. Tu as la chance d'avoir de beaux paysages sous les yeux, nous c'est grisaille, pluie et vent. 

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