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Ermites dans la taïga
Bonjour tout le monde,
certains, parmi vous ou nos amis, ne pourraient pas vivre dans ma montagne : trop froid, trop de neige, trop loin de tout, etc... Pourtant, ici, on se dit qu'on a de la chance : loisirs agréables dans la nature, pas de surpopulation, pas de canicules ni de sécheresse, pas d'embouteillages, etc.... Pour la majeure partie des habitants de notre vallée, c'est le paradis, on ne se voit pas vivre ailleurs.
Je peux vous dire que notre vie est une vie de super-confort, voire d'un luxe inimaginable, par rapport à l'éloignement et au dénuement total choisis par la famille Lykov.
Je viens de lire "Ermites dans la Taïga" écrit par Vassili PESKOV collection Babel chez Actes Sud.
La famille (le père, la mère et deux enfants nés en 1926 et 1936) est partie au fin fond de la taïga à la fin des années 30 pour des histoires de religion. Ils voulaient respecter les rites anciens, et ne supportaient pas les réformes, dont celle de 1653.
Ils ont eu deux autres enfants, nés en 1942 et 1944, qui n'ont vu aucun autre être humain que leurs parents jusqu'en 1978.
Ils ne savaient pas qu'il y avait eu une guerre mondiale, n'avaient ni papiers d'identité, ni argent. Toute leur vie ils ont refusé de vivre "dans le siècle", c'est à dire dans la religion "modernisée".
Ils avaient emporté des semences et ont cultivé pommes de terre, seigle, chanvre, navets, oignons, pois. Ils ont consciencieusement gardé chaque année des graines pour ressemer.
En 1978, des géologues étudiaient cette région déserte depuis un hélicoptère : incrédules, ils ont distingué les rayures d'un potager. Ils sont allés voir sur place et n'en n'ont pas cru leurs yeux. À 250 km de la "civilisation" les Lykov avaient créé une vie à leur manière. Ils ont fini par accepter les contacts et, petit à petit, des liens se sont créés. Ils étaient un sujet d'étonnement pour les scientifiques : leur santé était globalement bonne, les pommes de terre n'étaient pas dégénérées (elles étaient même mieux que celles du reste du pays). Ils savaient lire, écrire et calculer la date grâce à la lune.
Ils ont mené pendant des décennies une vie de misère (vue par nous, mécréants que nous sommes), qui leur convenait, mais qui est tout à fait inconcevable pour n'importe quel autre humain : froid, éloignement, privations... Ils ont vécu leur foi en toute conscience, loin du "siècle", en respectant tous les rites de leur religion "à l'ancienne". Ils ne se lavaient pas, ne faisaient ni ménage, ni vaisselle.
Eh bien, quand je vois de quoi ils se sont satisfaits, je vous le dis : la vie dans ma montagne en ce début de XXI° siècle, c'est le paradis.
L'Ours et moi vivons simplement, mais nous consommons parfois des conserves, des aliments "exotiques", avons le chauffage central, l'eau chaude aux robinets, des vêtements confortables, utilisons la voiture assez fréquemment, ainsi que téléphone et Internet. etc... Alors, vivre à 1250 m, avec une route déneigée, des commerces au village ou à moins de 10km, cela n'a rien d'héroïque.
Nous apprécions de ne souffrir ni des canicules, ni du manque d'eau, ni des embouteillages, ni de la pollution.
Il y a juste que, parfois, des avions et hélicoptères de l'armée font des exercices au dessus de nos têtes, dans la vallée. Je crains toujours que l'un d'eux se crashe sur le massif de l'Ardiden, car ils passent très vite et très bas. J'ai de bonnes raisons de ne pas avoir confiance surtout depuis le jour où j'ai vu un de leurs hélicoptères s'écraser juste en face de moi. Je n'oublierai jamais ce 18 avril 2006. Ils n'avaient pas vu le câble du téléférique du Capet. C'est depuis ce jour-là que nous avons des ballets d'hélicoptères au-dessus de la montagne en face de chez nous, pour apporter des matériaux au chantier des paravalanches.
Pendant que je vous écris, depuis un bon moment, armée de l'air et de terre passent et repassent. Que font-ils là ? Des exercices ordinaires ? Une préparation spéciale en montagne ? Une formation de pilotes étrangers ? Ça finit par devenir angoissant.
Je vous souhaite une bonne fin de journée.
( Photo d'une année précédente)
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Commentaires
Bonjour la Fourmi
Je découvre la famille Lykov un livre qu'il me plairait de lire .
Le froid arrive peut être as tu de la neige dans ta belle région ?
Bises
3lalibricoleMercredi 6 Novembre à 20:16Tu vis dans un superbe endroit. Je n'ai jamais vécu à la montagne. Pas de surpopulation, j'avoue que j'aime ça !
Bisous et belle soirée
2myriamSamedi 2 Novembre à 13:17un bien bel endroit ou vous vivez !
c est un peu contrainte que je suis arrivee dans la Marne et j avoue que ce n est pas le lieu dont je revais !!! c est la vie !! mais le Vercors et l ardeche me manque
j ai un appart confortable avec une loggia et un balcon ; je me suis faite ma bulle !!
je te souhaite un bon week end
amitie
Dans l'article dont tu nous donnes le lien, ils disent qu'ils étaient plusieurs familles... ceci dit, les 4 enfants n'ont pas eu eux-mêmes d'enfants (faute d'avoir d'autres humains à leur disposition, puisqu'ils n'avaient vu comme être humains que leurs parents...), leur histoire va donc s'arrêter à un moment ou à un autre (la dernière fille est née en 1944). De plus, s'ils y avaient plusieurs familles, quid des autres ?? enfin, qu'ils aient été épargnés par la seconde guerre mondiale, passe encore, mais ils ne pouvaient ignorer Lénine et Staline, Staline dirigeant l'URSS quand ils sont partis, et Lénine étant mort avant qu'ils ne partent...
La première "mère" étant morte de faim (!!) en 1961, où a-t-il trouvé la deuxième, si ils étaient dans un total isolement ??
Enfin, bien sûr, notre civilisation a ses limites, ses failles et ses faiblesses, mais de là à ne pas se laver... en plus, je ne vois pas le rapport avec l'isolement... n'est-ce pas un besoin universel d'être propre ?
Bref, tout ça ne me fait pas rêver. Je pense qu'on peut très bien se sentir isolé au milieu de la foule, qu'il y a des personnes démunies mais qui ne le choisissent pas (et qui en souffrent) et qu'entre consommer à outrance, sans souci pour la planète, et vivre comme un ours sans contact avec ses semblables, il y a une marge...
Même les Amish ont des contacts avec l'extérieur, et ce même s'ils gardent leurs principes religieux du 18ème siècle...
Je trouve très chouette que vous appréciez votre lieu de vie, et qu'il soit préservé de certains des maux qui affligent le reste de notre planète...
Belle journée, bises
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Coucou Jolie Fourmi! Oui j'ai lu ce livre il y a déjà un bout de temps! J'ai bien aimé! C'est sûr que nous, on est trop saouls comme on dit! Il nous faut toujours un truc, un machin en plus!!! On ne peut pas non plus complètement échapper au formatage de la société dans laquelle on vit! Heureusement, il y a pour moi la prière qui remet les pendules à l'heure! Bientôt L'Avent Jolie Fourmi! Je suis en train de préparer la déco et c'est du bonheur! Très gros bisous! Prends bien soin de toi!