• Crue des 18 et 19 juin

     

    Bonjour la civilisation,

    je me rends compte que j'évoque souvent la crue qui a frappé les Pyrénées en juin dernier.

    Je vais donc vous raconter comment cela s'est passé chez moi.

    Depuis des jours, notre torrent ne cessait d'enfler énormément, il devenait de plus en plus moche, c'est à dire qu'il transportait de plus en plus de terre et était de plus en plus gros... On sentait que c'était grave.

    On était loin du joyeux gargouillis des eaux limpides à la transparence turquoise.

    Le mardi 18, la situation devenait de plus en plus critique. L'Ours et moi devions partir chez une amie, mais cela s'avéra impossible, car la route des gorges, en aval de chez nous,  était déjà coupée par les eaux. Et le col, en amont, était encore enseveli sous des mètres de neige : faits comme des rats. Dès la fin de la matinée, les téléphones (fixe et portable) étaient coupés. Vers 13 h, c'est l'électricité qui s'est arrêtée.

    Les enfants scolarisés au village étaient en voyage scolaire, et n'ont pu rentrer chez eux. Tous les gens qui travaillaient d'un côté ou de l'autre des gorges de même. 200 personnes en aval, peut-être autant en amont.

    J'ai pris cette photo depuis la voiture, barrières et poteaux arrachés, et ce n'était que le début.

     

    Et en soirée, plus d'eau au robinet. Or, dans la journée, le débordement s'aggravant, il avait fallu évacuer des hôtels, des appartements et le terrain de camping. Notre maison étant bien à l'abri, nous avons hébergé 8 personnes qui se retrouvaient "à la rue". Confort minimum, car tout était en panne, comme dans un film catastrophe, mais repas aux chandelles dans une bonne ambiance, car tout le monde était sauf, ce qui était le principal.

    Le mercredi matin, certains ont pu vider leurs appartements car les immeubles étaient encore accessibles, d'autres n'ont rien pu récupérer, même pas leurs voitures, car le pont était parti.

     

     

    À la mi-journée, on a appris que l'ordre était donné d'évacuer TOUT le village: habitants et curistes, soit, je crois, 600 personnes. L'armée et gendarmerie ont relevé les n° des voitures et les noms des passagers. On est montés vers la station de ski, où nous avons attendu plusieurs heures que les services du département nous dégagent la route du col. Tout le monde craignait que la route salvatrice vers le haut ne résiste pas aux flots déchaînés. Puis, encadrés par les secours, nous avons pu franchir la dernière étape vers notre libération, dans le brouillard, entre des murs de neige..

     

    Et nous voilà tous partis, sans savoir pour combien de temps. En fait, le samedi 22, nous avons appris que les habitants pouvaient rentrer chez eux. Il suffisait de montrer patte blanche (carte grise du véhicule et cartes d'identité) aux forces de l'ordre qui gardaient l'entrée de la vallée, et de se faire recenser à la mairie en arrivant. On a essayé de faire revenir les enfants, les personnes âgées et les malades le plus tard possible.

    Après notre retour, nous avons pu constater les dégâts. Pendant 3 semaines, toutes les nuits, je ne voyais que ces images de désastre.

    Voisine, qui a 87 ans, n'est revenue que le 29 juillet. Je lui avais fait un bouquet pour l'accueillir (c'est bien du seringat que vous voyez: le printemps a été tellement froid qu'il n'a fleuri que fin juillet, et il n'est pas encore tout à fait fané ).

     

    Petit rajout  en 2014 : article relu un an après, je m'aperçois que je n'ai pas fait un "vrai" reportage. Un de ces jours, je montrerai des photos avant/après de mon village et des environs.

     En 2015, j'en suis toujours au même point...

     

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  • Commentaires

    3
    Emmanuelise Profil de Emmanuelise
    Samedi 17 Août 2013 à 09:30

    La solidarité dont chacun a fait preuve est magnifique. Quant à ces images, elles font froid dans le dos. La Nature est si belle, mais quand elle se déchaîne, il n'y a rien à faire, c'est terrible. Bisous et belle journée dans tes montagnes !

    2
    colette33
    Samedi 17 Août 2013 à 08:06

    Bonjour !

    Cela ressemble à l'Apocalypse ! quelle peur vous avez dû avoir, heureusement que les secours ont pu vous sortir de là, c'est une année dont vous vous souviendrez longtemps.

    Maintenant c'est le grand beau temps, cela doit vous faire du bien.

    Amicalement

    1
    iliclarie
    Samedi 17 Août 2013 à 02:01

    Oh mon dieu, quelles aventures ! J'espère que tout cela n'est plus qu'un mauvais souvenir et que tu pourras en effacer les dernières traces.

    En tout cas, bravo pour ta solidarité, qui aura mis du baume au coeur de ceux que tu as hébergés et à ta Voisine, quel beau bouquet pour l'accueillir !

    La montagne est belle, mais elle se mérite. C'est un peu comme la mer. L'homme est peu de chose face à la nature.

    (Ta newsletter est passée chez moi avec les liens vers tes 2 articles).

    Bon courage avec la route et bon appétit avec tes beaux pains !

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