Village en perdition

Bonjour tout le monde.

Hier, je suis montée voir mon jardin. Nous n'avons pas eu un hiver très rigoureux, mais cette coquine de neige continue à tomber assez tard dans la saison.

Malgré tout, mes fleurettes sortent et ne sont pas obligées de ramper sous un gros matelas blanc.

Pour une fois, les tiges des hellébores sont à peu près verticales.

 Les pulmonaires ont toujours leurs belles couleurs vives.

Et puis, c'est tout pour le jardin. Il est presque aussi triste que les autres années. Heureusement, je sais que dans peu de temps, tout ira très vite pour pousser et s'épanouir.

J'étais montée là haut, non pas pour voir le jardin, mais car je voulais cuisiner une potée comme on la fait en Limousin. J'avais tous les légumes, mais pas le salé. Et voilà que je m'aperçois que la boucherie du fond de la vallée où j'hiverne est fermée. Donc, j'ai pris la voiture et parcouru les quelques kilomètres qui me séparent de mon village pour aller ma boucherie que je fréquente depuis les années 70.

Il y avait tout ce que je voulais, MAIS ils m'ont annoncé que, c'est vrai, ils prennent leur retraite.  Ça ne me rajeunit pas, car je les ai connus ados, quand ils étaient au collège et que leur père et leur mère tenaient la boutique. Leur mère nous gâtait, car nous avions de jeunes enfants.

Ils sont deux frères qui ont passé leur vie à bosser et, depuis des années ils ne trouvent plus de salariés. Peu à peu, ils ont dû cesser de faire certaines choses qu'ils faisaient autrefois, dont leur jambon blanc (autrement meilleur que celui "d'usine") et  certains plats cuisinés. Avant, ils achetaient les bêtes entières directement à l'abattoir et on pouvait leur commander tous les morceaux que l'on désirait.

Leur saucisson est connu dans la France entière.

Je les étonnais toujours à leur demander des trucs invraisemblables. Comme je n'y connais rien en boucherie, il fallait que je leur explique la recette que je voulais réaliser, pour qu'ils me trouvent le morceau qui allait bien. Il n'y a que pour le haggis qu'ils n'ont pas pu me fournir la panse de brebis que je voulais farcir. Pourtant, l'abattoir de notre mouton AOC est tout près de chez nous.

Si vous connaissez des jeunes (ou moins jeunes) bouchers motivés pour vivre et travailler en montagne, envoyez-les vite chez nous.

 Eugène et André SABATHIÉ 65120 Barèges 05 62 92 68 12

C'est à vendre ou à louer, je crois que tout arrangement est envisageable.

Chez nous, il y a la saison thermale (et le col du Tourmalet) de mai à octobre, et le ski de décembre à mars/avril.

Pour notre village, ce commerce est vital. Cette année, les curistes vont être tout désorientés si la boucherie est fermée, et on craint qu'ils n'aillent ailleurs l'année prochaine.

Station de ski menacée par le réchauffement climatique, boucherie fermée, que va-t-il nous rester ?

Là-dessus je vous laisse (essayez de diffuser mon info, on trouve facilement les annonces sur Internet et on y voit des photos du séchoir à jambons et saucissons), et je prépare ma potée.

Je vous souhaite une bonne journée.