• Souvent femme varie

     

     Souvent femme varie,

    Bien fol est qui s'y fie

    Citation de François Ier ou Victor Hugo ? nul ne sait.

     

    Vous avez déjà entendu cette critique, il paraît que nous sommes instables...

    Eh bien, tant mieux si nous varions ! Si nous ne changions jamais d'avis, je ne serais pas là pour vous raconter comment ma mère a failli perdre la vie avant de me concevoir.

    Mes parents, pressentant que la guerre allait durer, se sont mariés en février 1940 pour vivre ensemble au plus vite. Mon père est parti à l'école de police à St Cyr-au-Mont-d'Or, près de Lyon, où ma mère l'a, bien évidemment, suivi. Ils louaient en ville un petit appartement sans chauffage, avec champignons et eau gelée dans l'évier.

    Je vous parle de ça aujourd'hui car, en pleine recherche pour illustrer mon arbre généalogique, je fouille dans les vieilles photos de mes parents, et je suis tombée sur une petite enveloppe marquée "École de police". Il y a les copains, mais aussi quelques souvenirs que je partage avec vous :

     

    Souvent femme varie

     

    Voilà un petit groupe d’élèves devant le bâtiment.

    Le 26 mai 1944, ma mère a prévenu mon père qu'elle allait, dans la matinée, à la gare de Vaise, afin d'envoyer un colis, et que s'il y avait une alerte, elle resterait à la gare.

    De son côté, une épouse de collègue avait dit à son homme qu'elle allait faire un truc en ville, et qu'elle revenait aussitôt chez eux.

    Ce jour-là, alors que le temps était clair, qu'une belle journée avait commencé, une attaque aérienne de l'US Air Force s'est abattue sur Lyon sans prévenir : l'alerte a sonné seulement quelques minutes avant l'explosion de la première bombe.

     

    Souvent femme varie

     

    L'école de police étant située sur une hauteur, les élèves et leurs profs ont très bien vu les ravages de cette attaque. Les Américains ne prennent pas de risques pour eux-mêmes : ils restent très haut, et bombardent "large" : peu leur importent les dommages collatéraux. En l’occurrence, ils ont plus ou moins raté leurs cibles, mais n'ont pas raté les centaines de civils qui n'étaient pas visés. J'ai toujours entendu mes parents raconter qu'il y avait eu 700 morts.

    Mon père et son collègue ont vécu l'enfer, se croyant veufs tous les deux.

    Dans la réalité, leurs deux épouses avaient changé leurs plans au dernier moment. Ma mère était restée tranquillement à l'appartement, et la copine était restée en ville plus longtemps que prévu : elles ont eu de la chance, car les endroits où elles auraient dû se trouver à l'heure de l'attaque ont été hachés menu par les bombes sur plusieurs kilomètres.

     Ma mère a eu de la chance de ne pas faire partie des 700 morts. Parfois, il vaut mieux que les femmes varient.

    Et voilà comment était Lyon après ce bombardement :

     

    Souvent femme varie

     

    Souvent femme varie

     

    Souvent femme varie

     

    Souvent femme varie

     

     

    Vous pouvez voir ici cette horreur expliquée par un historien.

     

     En ces temps de crise sanitaire que nous vivons, je me dis que nous avons la chance de vivre dans un pays calme, contrairement à beaucoup trop d'humains qui sont en ce moment sous les bombes et projectiles divers. Je ne supporte pas de voir toutes ces images de villes et villages détruits un peu partout dans le monde. Guerres de religion, guerres raciales, et guerres économiques car certains pays sont riches de matières premières et le capitalisme est prêt à tout pour écraser les peuples.

    J'avais déjà évoqué les guerres ici.

     Je n'étais pas drôle aujourd'hui, mais il pleut, je suis bloquée à l'intérieur, et j'ai eu envie de vous raconter ça. Ça fait partie de ma vie, comme la généalogie.

    Continuez à rester sages, et espérons que, un jour... le plus vite possible, la vie redevienne normale.

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  • Commentaires

    4
    Mardi 4 Mai 2021 à 07:45
    Bleu Mirabelle

    Merci pour cette jolie rétrospective familiale.

    Je passe en coup de vent mais je repasserai. On se sent bien chez vous, on a envie de s'y poser un peu avant de reprendre le cours de notre propre vie.

    Belle semaine et à bientôt

    3
    Jeudi 29 Avril 2021 à 09:52

    J'ai toujours entendu dire moi aussi que la citation était de François 1er... Merci pour le partage de cette belle (si tant est que l'on puisse employer ce terme au vu des circonstances) histoire.

    2
    Mardi 27 Avril 2021 à 21:45

    Coucou Jolie Fourmi! Très beau billet plein de cœur et de pertinence! Bravo et merci pour ce beau partage!C'est très joli ce que tu as entrepris, de retrouver ta mémoire générationnelle! Il y a tout un travail du cœur qui s'opère et l'on découvre ainsi des trésors et la conscience s'agrandit... Bonne recherche! Gros bisous et à bientôt! Laure. clown

    1
    Mardi 27 Avril 2021 à 20:06

    Pour moi, c'est François 1er, ne serait-ce que parce que "fol" ne s'employait plus guère pendant le XIXème siècle... de plus, même s'il aimait les femmes, François 1er les pensait légères et primesautières...

    Oui, nous avons de la chance de vivre dans un pays en paix, dans un pays où la famine ne sévit pas de manière endémique, dans un pays où nous sommes libres de croire ou de ne pas croire, dans un pays où les filles ne sont pas (plus) d'éternelles mineures, sans aucun droit, dans un pays qui ne pratique pas la stérilisation sauvage simplement parce que nous ne correspondons pas à la "caste" dominante, dans un pays où la presse est libre de critiquer, dans un pays où nous avons le droit de vote, le droit d'aller à l'école et de choisir celui qui partagera notre vie, où nous ne sommes pas mariées de force à peine pubères, ni excisées... bref, en un mot comme en cent, nous faisons partie des rares privilégiées dans le monde...

    La guerre n'est jamais "grande", elle est toujours sale et inhumaine...

    Bonne généalogie..

    Belle soirée, bises

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