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    Grandes questions maintes fois traitées par tous et partout : pourquoi voter ?

    Parce que nous sommes en démocratie et que le peuple a le droit et le devoir de participer. Si vous avez cliqué sur le lien bleu, vous avez vu ce qu'écrit notre conseil constitutionnel.

    Pour qui voter ?

    Les grandes orientations sont claires : qui veut augmenter les garanties pour les salariés et les retraités, qui veut favoriser la Bourse et le capital, qui veut passer le Karcher, qui veut embaucher dans les services publics, qui veut une école où chaque enfant aurait les mêmes chances, qui veut privatiser un maximum, qui pense quoi de l'Europe, qui veut traiter de façon équitable tous les citoyens, qui est pour ou contre les immigrés, qui s'occupe de sauver la planète (car sans elle, plus la peine de se poser des questions), qui veut former médecins et infirmiers en nombre suffisant pour l'hôpital public  ? Bon, la liste est trop longue, mais la lecture des documents est instructive.

    En cherchant un peu, on trouve la réponse à toutes ces questions. On trouve qui veut favoriser le capitalisme ou qui veut que nous ayons de bons services publics.

    On peut trouver qui a supprimé des postes dans les hôpitaux (103 000 entre 1993 et 2018), dans l'éducation nationale, dans l'administration en général, qui a laissé fermer des usines.

    J'ai fait mon catalogue des candidats, dans un désordre voulu.

     

    Pourquoi, pour qui ?

    Photo piquée chez capitaine echo (pas pu résister, tu ne m'en veux pas ?). En fait c'est un artiste de rue qui a fait ça à Montpellier avec les personnages dont je vous parlais récemment)

     

    Pourquoi, pour qui ?

    Macron qui a la grosse tête. Il faut dire que, être président avant 40 ans, ça doit être particulièrement grisant. Il a eu les gilets jaunes sur le dos. Comment a-t-il réglé le problème ? En faisant un grand débat où il était presque seul à s'exprimer. Il y a eu les cahiers de doléances : qui les a lus , pour en faire quoi ? On voit comment il est à l'écoute de son petit peuple. La France devait avoir la présidence de l'Europe au premier semestre 2022. Elle pouvait se désister pour cette période. Mais Macroléon ne pouvait laisser passer une telle aubaine. Il est donc président de la France, de l’Europe et négociateur avec Poutine, tout ça en pleine campagne électorale. Vous ne trouvez pas que ça fait un peu beaucoup trop ?

    Le Pen (née à Neuilly) qui a appris à sourire, et qui fait la doucereuse devant le petit peuple. N'oublions pas de qui elle est la fille, et qu'elle a pris la place de son père. Elle essaie de faire bonne figure. Il n'empêche qu'elle ne soutient pas vraiment l'Ukraine, qu'elle ne critique pas Poutine, et qu'elle fait ami-amie avec le hongrois Orban qui est un dictateur.

    Pécresse à qui je trouve un visage méchant, même quand elle ne menace pas de passer le Karcher. Elle que même Sarkozy ne soutient pas dans sa campagne électorale. Née à Neuilly elle aussi, ayant toujours vécu à Paris dans la politique, que vise-t-elle ? Une place plus qu'honorable, ne fréquentant que les hautes sphères du pays, plutôt que le bien des millions de français ?

    Zemmour encore pire que ce qu'on avait connu jusque là. Une horreur. Comment des gens peuvent-ils aimer quelqu'un comme ça ? Il a quand-même été condamné pour provocation à la discrimination raciale en 2011 et pour provocation à la haine envers les musulmans en 2018.

    Dupont-Aignan qui véhicule lui aussi des idées xénophobes. En 2017 il était prêt à participer à un gouvernement avec Marine Le Pen si elle avait été élue. En 2020, si il avait été américain, il dit qu'il aurait voté Trump. Sa campagne est axée sur la liberté, sans masque et sans passe sanitaire, combat d'arrière garde, car il n'y a plus d'obligations.

    Lassalle qui a son bon accent béarnais, qui n'est pas désagréable, qui n'est pas présidentiable, mais qui profite de l'occasion pour faire passer ses idées. Lui, au moins, n'est pas né à Neuilly, n'a pas fait l'ENA, et est resté près de son peuple (je l'ai vu de très près à une fête locale dans la vallée d'Aspe)

    Poutou : un autre aquitain, ouvrier chez Ford jusqu'à ce que son usine ferme (malgré les millions d'aides généreusement accordées précédemment par la région). Il a un discours très solide, je trouve que c'est "un mec bien", mais les médias préfèrent faire la pub des extrémistes de droite.

    Hidalgo, que j'aimais bien, mais qui a trahi ses électeurs parisiens. Elle leur avait dit qu'elle se concentrerait sur Paris, et voilà... Et elle a participé à la chute du parti socialiste. Dommage, femme, fille d'immigrés, élevée en province, elle changeait du politicien habituel.

    Jadot : j'ai très souvent voté écologiste (depuis René Dumont en 1974) alors qu'on ne dise pas que seuls les jeunes ont une conscience écologiste. Mais, sur certains sujets, je ne suis pas d'accord avec toutes ses positions.

    Roussel : Il est très bien, mais son parti  (qui était un grand parti du temps où la France avait des usines) a presque disparu, malgré des militants convaincus qui continuent à vendre l'Huma sur les marchés. En 1981 l'union de la gauche avait gagné les présidentielles. On a cru qu'un monde meilleur était arrivé. Le travail de sape de l'extrême droite a fait des dégâts et nous voilà tous dans la désespérance.

    Arthaud :  j'aime bien cette femme, qui est bien plus agréable à écouter que Laguiller. je la mettrais bien à la tête de notre pays, mais nous ne sommes pas assez nombreux à croire dans ces "petits partis". Et pourtant, ils nous aideraient bien à faire avancer les choses dans l'éducation nationale, le système de santé, la limitation de la puissance de la finance, etc...

    Mélenchon : le bonhomme ne plaît pas à tout le monde, il n'est pas mon "premier choix" pour le premier tour, mais son programme est sérieux, il a de très bons équipiers. Avez-vous entendu Clémentine Autain, Manon Aubry ou Adrien Quattenens ? Je ne connais pas tous les autres, mais il y a un bon moment qu'ils travaillent tous ensemble. Suis-je en train de faire de la pub pour Mélenchon  ? Oui, un peu.

    Car, si depuis longtemps je vote selon mon cœur au premier tour, je ne peux plus me le permettre. Aux deuxièmes tours 2002 et 2017, j'ai voté la mort dans l'âme pour quelqu'un qui ne ne me plaisait pas du tout. La suite m'a donné raison, je n'ai pas du tout aimé leur gouvernance, d'autant plus qu'ils n'ont jamais admis avoir été élus CONTRE leur adversaire et non POUR eux, ce que je juge malhonnête.

    Si, comme moi et bon nombre de millions de français, vous ne voulez pas vous retrouver dans la même situation cette année, il apparaît que le "vote utile" soit Mélenchon. Les journalistes, éditorialistes et autres le disaient il y a plusieurs semaines. Puis ils n'osaient plus trop en parler. Pourtant, j'ai entendu ça de nouveau ces derniers jours.

     

    Pourquoi, pour qui ?

     

    J'ai l'habitude de râler, certaines parmi vous apprécient mes "râlages". Je n'ai pourtant pas pour habitude de dire pour qui je vote. Mais là, je trouve que l'heure est grave, et la guerre en Ukraine me met le moral à zéro.

    Malgré tout, je prépare mon futur séjour en Limousin, du 24 avril au ? mai, et aussi un voyage entre Méditerranée et sud des Alpes avec des amis à partir du 12 mai.

    Il faut malgré tout essayer de rester positif et profiter de ce qui est possible. Ne pas rester à gémir devant les infos, et se faire de jolis souvenirs.

    Je vous souhaite une bonne fin de weekend.

     

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    Croissance, croissance...

    Pourtant, tout le monde sait que l'on n'a qu'une terre, et qu'elle ne pourra pas produire indéfiniment de plus en plus de biens pour de plus en plus de monde.

    Sera-t-on plus heureux en changeant de téléphone, de vêtements ou de meubles tous les quatre matins ?

    L'économie de carburant de notre nouvelle voiture ne sera-t-elle pas effacée par le coût en énergie de sa fabrication ? 

    Nos hommes et femmes politiques n'ont que ça à la bouche. Croissance, croissance, PIB, toujours plus. Tours plus, globalement. Car, dans le détail, on le sait tous, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. La classe moyenne (dont nous faisions peut-être partie) tend à disparaître, étouffée entre la stagnation de ses revenus et l'augmentation de ses charges. Je trouve scandaleux que la crise sanitaire ait autant fait prospérer les grosses fortunes.

    Je sais que les agriculteurs perçoivent des aides de la PAC (Politique Agricole Commune), de l'argent européen. Par contre, je n'y comprends RIEN. Et vous ? Je sais que l'agriculture de montagne (l’élevage) est bien aidée, tout le monde peut voir les énormes 4X4 rutilants, et les magnifiques bâtiments agricoles neufs qui poussent comme des champignons.

    Nos ancêtres vivotaient comme fermiers ou métayers, et malgré tout ils vendaient une partie de leur production et nourrissaient les villes. Plus les exploitations s'agrandissent, plus il y a de mécanisation et de produits chimiques, plus les pays dépendent les uns des autres. Plus les paysans sont endettés, et plus ils se suicident. Le juste milieu est-il une utopie ?

    À quoi riment ces immensités de monocultures bourrées d'engrais et de pesticides ?

    Il y a quelque temps, j'avais vu un reportage sur deux céréaliers. L'un des deux était très mécanisé et ne vivait que grâce aux "intrants". Il s'épuisait et gagnait tout juste sa vie. L'autre avait opté pour le bio, avait moins de superficie, ne s'empoisonnait pas, avait moins d’emprunts à rembourser et au bout du compte avait les mêmes revenus.

    Pareil pour les éleveurs. Quelques beaux animaux dans les verts pâturages rapportent autant aux éleveurs que des bêtes en batterie qui ne sortent jamais. Il serait temps que les consommateurs comprennent cela : manger beaucoup moins de viande, mais de la bonne, celle de la bête qui a mangé de la vraie herbe et non du soja importé.

    Je suis née fille de la ville, je ne connais pas bien le milieu agricole, mais je lis entre autres "Nature et progrès". On peut être agriculteur, respecter la terre, et obtenir de belles récoltes, et non pas trois navets rabougris comme disent les moqueurs professionnels de la chimie. On peut nourrir un pays avec des produits sains.

    Il y a un truc qui m'agace depuis longtemps : les jachères imposées par la PAC. Pourquoi payer les agriculteurs pour laisser reposer la terre ? Autrefois, on pratiquait l'assolement, la rotation des cultures. Évidemment, ces antiques méthodes sont dépassées. Et pourtant... la terre peut produire chaque année si les cultures sont complémentaires. Mais voilà, les marchands d'engrais et de matériel sont passés par là, et la monoculture est devenue la règle. Et si une calamité détruit la récolte, l'agriculteur n'a que ses yeux pour pleurer ou bien l'argent des assurances (qui sont de plus en plus chères).

    La guerre en Ukraine va perturber l'économie mondiale. Mais on a la parade : j'ai déjà entendu dire qu'on va reporter à plus tard les malheureux efforts d'aller vers moins de produits chimiques (qui sont importés, si j'ai bien compris). Vive la croissance !

    Sur ces tristes paroles, je vous souhaite une bonne journée.


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    Une petite chanson pour commencer la journée en musique. Mais restez calmes !

     

     

    Ces machins à nom anglais existent depuis longtemps, et je me penche enfin sur le sujet.

    Il y en a un qui porte un beau nom français, Institut Montaigne, mais l'économie qu'il propose n'a rien de bon pour le peuple français. Il n'y a qu'à voir les professions de ses principaux membres...

    Je continue à m'agacer en écoutant les infos, ou des discussions, car notre français est, beaucoup trop souvent, émaillé d'anglicismes qui pourraient aisément être évités : Startup, ThinkTank, Cluster, Factory, FabLab, Crowdfounding, CoWorking, HotSpot, et d'autres qui m'échappent.

    Par chance, il n'y a pas que les mots qui voyagent. L'information aussi, et grâce à Internet, je trouve la signification de ces mots mystérieux. C'est tout de même malheureux d'avoir besoin d'un traducteur pour comprendre des conversations en français, tenues par des gens lettrés, sur des chaînes publiques. France info a une rubrique "vrai ou fake ?" Pourquoi pas "vrai ou faux" ?

    Il n'y a que sur 28 minutes (ARTE à 20h05) que Elisabeth Quin reprend systématiquement les invités pour qu'ils corrigent : enfin une émission où je comprends presque tout (sauf qu'on y parle beaucoup trop de Think tanks, comme si on ne pouvait pas penser en français). Il y a quelques jours, sur France inter, Bruno Duvic, en présentant un invité membre d'un groupe de réflexion (sic) s'est cru obligé de nous le traduire en Think Tank. Croit-il que nous sommes incapables de comprendre des mots français comme groupe et réflexion ? 

    Et les publicités de parfums français, qui passent dans notre télé, en France, à l'attention d'un public français, pourquoi ont-elles, presque toutes un message en anglais ?

    Ça m'énerve !

    Cet après-midi, je vais aller voir mon jardin. Ça ne m'énervera pas car je suis préparée au pire : l'Ours m'a déjà ramené une branchette de buis, cassée par la neige. Je vais dégager ce que je pourrai, et je reviendrai satisfaite de ce premier nettoyage de printemps.

    Je vous souhaite une bonne journée.

     

     


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    Bonjour tout le monde,

    Aujourd'hui, je vous fais du blablabla, je suis incapable de faire autrement. J'égrène tout simplement des souvenirs. Je n'ai même pas réussi à faire un petit ouvrage en solidarité.

     

     

    Russie, russes

     

    Carte trouvée sur http://www.communcommune.com/

     

    Cette histoire de guerre déclarée par Poutine inquiète tout le monde. Et elle nous perturbe personnellement, car nous connaissons plusieurs familles de russes. La vie fut tellement dure pour les populations de l'ancien bloc soviétique que rien ne leur semblait difficile. Pour l'Ours et moi, la phrase qui les caractérise, c'est "Nié problèm !" (pas de problème !). La "débrouille" est leur seconde nature. 

    Nous avons eu la chance pouvoir faire partir Cadette en URSS, alors qu'elle était encore collégienne. Elle était passée par Moscou, et avait profité d'un séjour en Ukraine, dans un camp de pionniers, au bord de la mer Noire. Elle avait beaucoup aimé cette expérience, malgré le barrage de la langue.

    Quand Cadette est partie au lycée, elle a voulu faire russe en troisième langue vivante. En 1990 il y a eu un échange avec un établissement scolaire de Moscou. Vika (Victoria) est donc venue chez nous en mars 1990. Elle n'avait que quinze ans et nous avons été surpris par son excellent niveau en français, ainsi que par sa connaissance de notre littérature et de notre histoire. D'ailleurs, quand elle a vu mon père, elle l'a aussitôt baptisé Charles-le-Chauve.

     

    Un beau jour de juillet, toujours en 1990, Fille aînée était seule à la maison quand elle a reçu un appel : "la mère de Vika était en train d'arriver avec un ami". Panique à bord : comment ?  pour un repas ? pour dormir ? quand exactement ? comment savoir ? pas de téléphone portable. On a attendu son arrivée. En fait, comme Tamara travaillait dans une ambassade, elle voyait passer beaucoup d'étrangers. Elle avait sympathisé avec un routier français, qui logeait chez elle quand il était à Moscou, et il l'avait emmenée dans son camion : la débrouille, un voyage gratuit. Pas un français n'aurait l'idée de débarquer chez des inconnus en prévenant trente minutes avant d'arriver...

    C'était au moment de la Cutty Sark, un rassemblement de prestigieux grands voiliers. Un soir très tard, en partant regarder les navires, nous marchions derrière un groupe de marins. Tamara, qui était d'origine lituanienne, les a interpellés car ils parlaient la langue de chez elle. Voilà comment notre petit groupe franco-russe a visité, totalement en dehors des heures de visite, le Krusenstern superbe bateau affecté à un port de la mer Baltique.

     

    Russie, russes

     

     Quand on n'a pas appris à lire le cyrillique, ce mot ne ressemble à rien.

     

     Étant donné que nous fréquentions des russes, nous étions invités à Moscou. Nous nous sommes inscrits à des cours de russe dans l'association France-URSS, au moins pour pouvoir lire les noms de rues et demander notre chemin si nous allions là-bas. Notre prof fut Olga, récemment arrivée à Bordeaux. À Moscou, Olga était prof de français et d'italien. Elle était venue travailler à l'université de Bordeaux pour gagner des sous. Pour une paire de baskets dans un magasin pas cher, elle pouvait acheter (à Moscou) un billet d'avion aller et retour.

    Une autre année, Vika et Tamara sont venues passer quelques jours en France.  Elles avaient commencé par Paris, chez une autre correspondante de Vika et elles nous ont fait payer leur train entre Paris et Bordeaux. Elles sont reparties par Marseille, car Vika voulait visiter le château d'If, et elle avait vu sur la carte que c'était près de Bordeaux... Sauf que nous, français pas riches, nous n'avions pas l'habitude de faire 1 200 kilomètres juste pour visiter un monument historique. Déjà que recevoir des russes nous avait coûté cher ! Il avait fallu faire une déclaration préalable à la mairie (qui faisait une enquête sur les "invitants"), et payer une assurance obligatoire : nous devions nous garantir au cas où nos invitées auraient eu l'idée de rester en France. J'avais appris, par une dame mariée avec un russe, que chez eux tout est dû à l'invité : hébergement et nourriture (jusque là c'est normal pour nous aussi), sorties, et même argent de poche. Nos civilisations sont différentes.

    Nous avons donc visité le Château d'If, dans des conditions remarquables, je dois le reconnaître. Nous étions seules dans cette forteresse : deux françaises (cadette et moi) et trois russes ( Vika, Tamara et Olga). C'était le premier février, le ciel était d'un bleu extraordinaire, un moment inoubliable. Nous avions posé nos sacs et nos manteaux au milieu de la cour : ils ne risquaient rien.

     

    Russie, russes

     

    Après la visite, nous les avons transportées jusqu'à Marignane, bien contentes de se "débarrasser" d'elles et de leur machine à coudre : oui, elles n'avaient pas d'argent pour les transports intérieurs en France, mais Tamara avait acheté une machine à coudre ! La honte dans les magasins où elle voulait marchander une surjeteuse à moitié prix, mais les marchands n'ont pas cédé.

    Elles étaient gentilles, mais épuisantes. Elles ne faisaient aucun effort pour vivre à notre rythme : c'est ça les russes. Par contre Tamara nous a fait un peu de cuisine. Je nous vois, et nous entends ! au marché des Capucins, le ventre de Bordeaux, en train d'acheter le nécessaire pour faire un borchtch. Elle ne parlait pas un mot de français et mes trois mots de russe ne suffisaient pas. Donc, l'anglais était notre seule langue commune. La tête des marchands quand nous avons acheté nos légumes ! D'autant plus que mon anglais datait du lycée, quitté depuis 25 ans.

    Cadette a une copine de lycée, DO. devenue sa meilleure amie. Ensemble, elles sont allées plusieurs fois en Russie, leur maîtrise de la langue étant un sacré avantage. Vika est venue assez régulièrement, chez nous, chez Cadette, chez DO. et a fini par se marier avec un copain de jeunesse de DO. Le mari s'ennuie trop à Moscou, elle a un bon boulot là-bas, vive l'avion ! нет проблем ! (Nié problèm) !   Mais, confinements, guerre... Nous sommes sans nouvelles.

    J'ai évoqué Olga plus haut. Elle était notre prof, et nous avons sympathisé. J'avais un peu étudié l'espagnol, et j'avais très très envie de visiter Cordoue, Grenade et Tolède. L'Ours et moi devions aller une semaine en Espagne pour visiter villes et monuments. J'ai proposé à Olga de nous accompagner, car elle était curieuse de tout. L'ancienne URSS venait de se disloquer, et Olga était inquiète. Dans tous les bars où  il y avait une télé, elle écoutait fébrilement les infos. Avec sa connaissance du français et de l'italien, la langue de Cervantès ne lui posait aucun problème. Mais c'était cocasse quand elle voulait parler : elle avait un sacré accent italien, et s'étonnait quand je le lui disais.

    Au cours de russe, j'avais retrouvé un ami de toujours. Nous avons proposé à Olga d'inviter son mari et sa fille pour les vacances d'été. Elle a accepté avec joie. Nous les avons emmenés dans le Tarn et à Carcassonne. Igor parlait mécanique (il s'étonnait que nous ayons des voitures diésel, car chez eux seuls les camions étaient équipés ainsi) avec l'Ours, et Olga, qui parlait pourtant couramment français, se plaignait qu'elle ne maîtrisait pas tout le vocabulaire technique. Je leur ai fait découvrir les asperges qu'Olga ne connaissait que par la littérature. Mon plus gros succès culinaire fut un plat d'artichauts ! Ce légume les a énormément amusés, et les travaux pratiques pour apprendre à les manger nous ont tous fait beaucoup rire. Si vous recevez des russes, pensez-y : ça doit également marcher avec les ukrainiens.

     

    Russie, russes

     

    Olga et sa famille vivent maintenant en Allemagne.

    Pour finir, un énorme mimosa vu il y a quelques années, juste avant que les fleurs n'éclosent complètement. Ces fleurs jaunes me font toujours penser à Olga : ce 8 mars-là, nous revenions d'Espagne, et des quantités de mimosas sauvages égayaient le bord de la route. Olga ne cessait de dire "les hommes offrent des fleurs aux femmes le 8 mars" et l'Ours ne comprenait pas. Il a fallu que je l'oblige à s'arrêter pour nous en cueillir deux bouquets. Ce n'est pas pour rien que je l'appelle l'Ours !

     

    Russie, russes

     

     

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    Que dire dans cette période ?

    On se voyait gagner sur la pandémie...

    On se retrouve dans une autre période anxiogène... Le gouvernement , oui le nôtre, celui de la France, donne des conseils pour garder prêt un kit d'urgence en cas d'évacuation. Ils n'ont pas dû écrire ça ces derniers jours, c'est juste une consigne valable dans les cas d'imprévu.  En juin 2013, nous avions pris le temps(une heure ou deux) pour évacuer notre village lors d'une crue centennale de notre torrent. Mais il n'y avait pas urgence vitale. Notre maison était loin du danger, nous avions de l'eau au robinet et des étagères pleines de provisions. Nous risquions juste, si nous attendions trop, de rester coincés pour une durée indéterminée. Ce n'était pas la guerre, pourtant je me souviens bien de ce que je ressentais en quittant le village, et je pensais à ces pauvres gens partis sur les routes sans RIEN. Depuis, on n'a cessé de voir des migrants, en général à cause du fanatisme religieux ou de la misère.

    Cette fois-ci, avec l'Ukraine, c'est une guerre délibérée. Comment l'expliquer ?

    L'homme est désespérément mauvais : il massacre la terre, et parfois il massacre carrément les autres hommes.

     

    Jeudi dernier, juste au moment où je partais pour l'Aude, mon téléphone a sonné : ma cousine me prévenait que son père s'était endormi pour toujours pendant la nuit. C'était le dernier encore vivant de sa génération. Il avait 96 ans, mais on aurait aimé le garder encore longtemps. Finis les "Allo Tonton ? Tu peux me parler de telle personne, ou de telle histoire ?" Nous avons perdu la mémoire de la famille.

    Après l'Aude, nous sommes montés à Limoges. Toute la famille de Tonton était rassemblée pour l'enterrement qui a eu lieu samedi matin, sous un beau soleil, au cimetière de Louyat, un des plus grands de France. Il a retrouvé les cinq proches déjà inhumés dans la concession perpétuelle réservée par mon grand-père en 1924 :

     

    Que dire ?

     

     

    Je pense que mon grand-père avait souhaité que son jeune frère, décédé en 1919 des suites de la guerre, soit enterré dans un caveau de famille, et non dans le carré militaire.

    Entre l'allée des armoises et l'allée gazonnée (belle adresse, non? ), ils sont maintenant six. Ma cousine espère qu'il y aura un peu de place pour ses cendres, quand son tour sera venu, dans longtemps, car on vit vieux chez nous.

     

     

     

    Que dire ?

     

    Un de ces jours, je vous relaterai un peu mon incursion dans l'Aude, et vous montrerai quelques jolies choses vues là-bas. Pour le moment, je n'ai pas la tête à ça, et je me suis replongée dans la généalogie.

    Aujourd'hui, grand soleil, demain neige annoncée. C'est peut-être le printemps chez vous, mais chez moi la saison du jardinage n'est pas encore ouverte.

     

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