• Et rose elle a vécu

     

    Lundi matin, joie :

     

    Et rose elle a vécu

     

    Et rose elle a vécu

     

    Mon petit rosier "Rose de Provins" acheté au Conservatoire des plantes à parfum, médicinales et aromatiques de Milly-la-Forêt, pourtant miniature, a ouvert une superbe fleur. Mon rosier est tout riquiqui, car à Milly ils ne font que des plantes en godets. Mais il a vaillamment  passé l'hiver dans mon jardin. N'empêche que j'ai bien fait de l'acheter, car à Provins la roseraie était en rupture de stock de rosiers de Provins !

     

    Mardi matin, tristesse :

     

    Et rose elle a vécu

     

    Il a plu, et mon rosier n'a pas fière allure.

     

    Mercredi matin, poésie :

     

    Et rose elle a vécu

     

    Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin.

     Grâce à Internet, cultivons aussi notre esprit. J'ignorais tout de ce poème, à part deux lignes prises en plein milieu.

    Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille :

    Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle ?
     Et les tristes discours
    Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
     L'augmenteront toujours ?

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
     Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
     Ne se retrouve pas ?

    Je sais de quels appas son enfance était pleine,
     Et n'ai pas entrepris,
    Injurieux ami, de soulager ta peine
     Avecque son mépris.

    Mais elle était du monde, où les plus belles choses
     Ont le pire destin ;
    Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
     L'espace d'un matin.

    Puis quand ainsi serait que, selon ta prière,
     Elle aurait obtenu
    D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
     Qu'en fût-il avenu ?

    Penses-tu que plus vieille en la maison céleste
     Elle eût eu plus d'accueil,
    Ou qu'elle eût moins senti la poussière funeste
     Et les vers du cercueil ?

    Non, non, mon Du Perrier ; aussitôt que la Parque
     Ôte l'âme du corps,
    L'âge s'évanouit au-deçà de la barque,
     Et ne suit point les morts.

    Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale ;
     Et Pluton aujourd'hui,
    Sans égard du passé, les mérites égale
     D'Archemore et de lui.

    Ne te lasse donc plus d'inutiles complaintes :
     Mais, sage à l'avenir,
    Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
     Eteins le souvenir.

    C'est bien, je le confesse, une juste coutume
     Que le cœur affligé,
    Par le canal des yeux vidant son amertume,
     Cherche d'être allégé.

    Même quand il advient que la tombe sépare
     Ce que nature a joint,
    Celui qui ne s'émeut a l'âme d'un barbare,
     Ou n'en a du tout point.

    Mais d'être inconsolable et dedans sa mémoire
     Enfermer un ennui,
    N'est-ce pas se haïr pour acquérir la gloire
     De bien aimer autrui ?

    Priam, qui vit ses fils abattus par Achille,
     Dénué de support
    Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
     Reçut du réconfort.

    François, quand la Castille, inégale à ses armes,
     Lui vola son Dauphin,
    Sembla d'un si grand coup devoir jeter des larmes
     Qui n'eussent point de fin.

    Il les sécha pourtant, et, comme un autre Alcide,
     Contre fortune instruit,
    Fit qu'à ses ennemis d'un acte si perfide
     La honte fut le fruit.

    Leur camp, qui la Durance avait presque tarie
     De bataillons épais,
    Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
     Et demanda la paix.

    De moi déjà deux fois d'une pareille foudre
     Je me suis vu perclus ;
    Et deux fois la raison m'a si bien fait résoudre,
     Qu'il ne m'en souvient plus.

    Non qu'il ne me soit grief que la terre possède
     Ce qui me fut si cher ;
    Mais en un accident qui n'a point de remède
     Il n'en faut point chercher.

    La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
     On a beau la prier ;
    La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles,
     Et nous laisse crier.

    Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre,
     Est sujet à ses lois ;
    Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
     N'en défend point nos rois.

    De murmurer contre elle et perdre patience
     Il est mal à propos ;
    Vouloir ce que Dieu veut est la seule science
     Qui nous met en repos.

    Stances sur la mort de sa fille. 1599.

    François de Malherbe.

     

     Ce poème n'est pas drôle du tout. Alors, pour finir sur une note plus légère,  je vous pose la question que je me suis posée moi-même en trouvant ça posé sur l'herbe en plein milieu du jardin :

     

    Et rose elle a vécu

    Cékoissa ?

     

    La réponse est là, à la fin de l'article sur les boraginacées.

     

     

     

     

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  • Commentaires

    6
    Lundi 8 Juillet 2019 à 08:49

      Coucou...Alors c'est quoi "cekoissa"?Un morceau de poils de balai?

    Ne me laisses pas sur ma faim!

    bisous

    5
    Dimanche 7 Juillet 2019 à 13:39

    Ma voisine fait des boutures en godet de rosiers. J'adore voir cette famille de mini-rikiki.

    Je pense à une 1/2 cosse de graine.

    4
    Vendredi 5 Juillet 2019 à 18:14

    Je ne sais pas si François de Malherbe a réussi à aider son ami à faire le deuil de sa fille... pourtant lui aussi a connu la douleur du parent, puisqu'il a survécu à ses trois fils... 

    Cette phrase ("et rose elle n'a vécu..."), Victor Hugo l'a transformée en parlant de la mort d'une pauvre haridelle, rouée de coups par son cocher : "et rosse, elle n'a vécu que ce vivent les rosses, l'espace d'un mâtin..."...

    Bon, pour ta devinette, aucune idée...

    Bonne soirée, bises

    3
    Vendredi 5 Juillet 2019 à 17:28

    Bonjour la Fourmi

    Ton rosier 3 Rose de Provins " a donné une belle rose .

    J'adore ce genre de rosier .
    Par contre la poésie est triste mais difficile à retenir , heureusement que je n'ai pas eu à l'apprendre par coeur .

     On dirait un hérisson ta photo mais c'est sûr que ce n'est pas ça 
    Bises

    2
    Sylvie79
    Jeudi 4 Juillet 2019 à 09:10
    Merci pour la découverte de ce poème dont on ne connait, en effet, que cette phrase! Ta rose éphémère est très jolie et ressemble beaucoup à une des miemmes!!!! Quant au Cekoissa, je dirais un morceau de faine... Bises
      • Jeudi 4 Juillet 2019 à 09:16

        Pas un produit du hêtre, tu pourras vérifier cet automne. Bises des montagnes

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